vendredi 16 mars 2012

En avant !

Beaucoup d'accros au tricot souffrent de cette maladie qu'on appelle vulgairement la "castonite" elle vient du terme anglais "cast on" = monter des mailles et se définit par une équation déséquilibrée entre le nombre des projets que l'on commence et ceux que l'on termine. 

C'est vrai que la tentation est grande, on accumule de la laine et de nouveaux projets attrayants sont publiés sans cesse.  
 
Le dernier en date étant le nouveau livre de Brooklyn Tweed Spring Thaw des photos sublimes, un design simple et raffiné bourré de petits détails élégants sans aucun tape à l'oeil. Les 64 pages de ce livre sont visualisables en ligne et téléchargeables en pdf... pour rêver.

En général c'est là que la machine à projection se met en route dans ma tête. J'ai repéré mes modèles préférés, je commence à les imaginer : quelle laine choisir ? comment les adapter ?  Utiliser la laine proposée serait à la fois trop simple (où est le plaisir de suivre à la lettre les indications?) et trop compliqué car il faut la commander aux USA et pour l'instant j'ai résisté vaillamment aux tentations de la Shelter et de la Loft, les deux laines de Brooklyn Tweed, alors c'est pas le moment de craquer.
Par contre je vous recommande vivement la lecture des 5 articles qui détaillent toute la fabrication de ces laines ICI, mais sachez que c'est encore plus dur de ne pas craquer après avoir vu ça !

  © Jared Flood/Brooklyn Tweed

Je jette mon dévolu sur un modèle, par exemple le Quill, une simple couverture carrée mais portée comme un châle avec sa bordure en dentelle, il faut  1100 yards de laine fingering pour réaliser ce "petit" modèle.  Alors je fais le tour de mes laines, quelle couleur ? Unie ou nuancée ? Quelle matière ? Ce genre de châle doit il avoir le tombé de l'alpaga, de la soie, du bambou ?  Ou plutôt la légèreté du mohair ? Le toucher moelleux de certain mérinos ? Et pourquoi pas le faire dans une laine plus fine ? 
Cette machine à conjectures fonctionne jour et nuit, je peux me relever pour aller assortir deux écheveaux. Je peux aussi changer d'avis des dizaines de fois avant de me lancer dans un projet.



Mais dans toute mon activité de tricoteuse, je crois que ce moment -AVANT- est mon préféré. Une fois que le projet est sur mes aiguilles, je le termine tant bien que mal, parfois dans la joie et parfois dans la souffrance. Il arrive aussi que le résultat final me surprenne, que je m'attache, que je me lasse et que je traine des pieds pour ne pas terminer trop vite (un peu comme un bon roman qu'on a envie de savourer page après page quitte à revenir en arrière pour relire certains passages) quitte à défaire quelques rangs pour corriger une erreur mineure, mais qu'importe ça sera parfait. 

En cours un modèle de couverture de Jared Flood Shale Baby Blanket  tricoté en Viola MCN Worsted 
(un bonheur !)

L'envie est mon moteur, la phase d'imagination et de projection qui précède la réalisation c'est là que la magie se produit, que les idées s'imposent à moi, que l'obsession se transforme en réalisation.   
Mon penchant pour le tricot va toujours vers l'avant. 
Le prochain projet m'intéresse plus que celui que je tricote actuellement parce qu'il est encore sous la forme idéale et pure du possible et du virtuel. Parce que je peux le modifier à l'infini. 

Les tricoteuses qui ont tendance à commencer trop de projets sans jamais les finir sont soit de celles qui partent tête baissée sans avoir pris le temps de mûrir leur projet, soit de celles qui ont une idée tellement précise qu'elles n'arrivent jamais au résultat escompté et abandonnent en cours de route.  

Je suis exigeante, mais réaliste et j'aime me laisser surprendre. J'aime aussi avoir quelque chose à montrer après tout ce processus, même imparfait, même si je sais que le prochain sera mieux.  C'est aussi la raison pour laquelle je n'ai aucun scrupule à donner ce que je fais, chaque projet n'est qu'une étape vers un idéal à venir. Alors en avant ! Projet après projet, j'apprends et je défie le temps. Car passer des heures à tricoter n'est pas du temps perdu, bien au contraire. 

Ce post participe au défi 10 mots 10 blogueurs

13 commentaires:

  1. Oh que c'est beau!! Moi j'ai jeté mon dévolu sur le cardi façon origami Inversion, si beau!!! Merci de partager ces belles références :)

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  2. Joli article, très bien écrit ! Je souffre aussi de castonite aiguë, je pense... Mais en même temps, ce moment ou on rêve du projet à venir, et où on planifie ce qu'on va faire, c'est tellement agréable. Et voir les motifs se dérouler ensuite sous ses aiguilles ! Le tricot, c'est vraiment trop bien !

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  3. Ta façon de décrire l'AVANT projet me parle ! Tricoter c'est un peu essayer de réaliser des rêves.

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  4. C'est bon de savoir qu'il y a d'autres filles comme moi ... Comme toi je suis de celles qui préfèrent l'étape avant ... l'excitation du moment où l'on choisit son modèle.. la laine qui donne toujours des incertitudes .. et puis moi aussi ensuite je traine parfois à terminer car déjà un autre projet prend la place sur mes aiguilles .. mais qu'est ce que c'est bon! merci de me faire découvrir ce nouveau magazine! et merci aussi à toi de me faire rêver à chacune de tes publications!

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  5. J'aime bcp ce que tu as ecrit!!! C'est tellement vrai... Bon, en attendant je vais passer plusieurs semaines a choisir parmis ces nouveaux modeles!!!!

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  6. Très joli article. Moi aussi l'avant me motive beaucoup, rêver en voyant de très jolis modèles réalisés ça et là et imaginer ma version. C'est grâce à ton blog que je suis lancée dans mon premier châle en dentelle, ça a été douloureux et je me suis empêchée de commencer autre chose pour me forcer à finir, au final il est loin d'être parfait mais je l'adore...

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  7. Çà alors,quand je te lis,je me reconnais dans plein de détails...Défauts ou qualités de tricoteuse addicte?Je ne sais pas en tous cas comme toi j'aime profondément le tricot et suis ravie de contater que je ne suis pas la seule à y penser même au fond de mon lit quand tout le monde dort...;))Tu fais de belles choses,bravo à toi!!

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  8. Je t'appellerai volontiers ma petite sœur jumelle tricoteuse tant tes mots résonnent en moi comme un écho . Pas plus tard que ce matin dans la maison endormie je fouillais dans mes tiroirs cherchant "la" laine pour mon futur projet , alors qu'une manche d'un pull était en route donc plus très loin du but à atteindre. Mais je ne supporte pas me retrouver à décider du prochain une fois l'autre achevé. Il mûrit pendant le tricot du précédent . Par ailleurs je n'aime pas avoir 2 encours en même temps ... Je file explorer ce nouveau livre qui va encore faire galoper mes neurones tricotesques ;-)

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  9. Je ne tricote pas et ne couds pas assez pour connaître cette frénésie mais j'aime accumuler des modèles, des tutos, des images qui me font rêver en me disant, un jour je le ferai !
    J'ai pensé à toi samedi avec la rediff' de l'émission "Silence ça pousse". Ils ont abordé la teinture végétale de laine et tissus et ont conseillé les livres "Les plantes tinctoriales et leur utilisation" d'Elisabeth Dumont aux Ed. Ulmer et "Plantes à teinter" de Chantal Delphin et Eric Gitton aux Ed. Plume de carotte.

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  10. Je crois que je souffre moi aussi de castonite... Je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris! J'aime ces moments de planification et d'imagination, mais aussi débuter un modèle, le déchiffrer, apprendre de nouvelles choses... Je ne tricote que depuis Août, mais je ne peux déjà plus m'en passer!
    Cet article est vraiment sympa!

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  11. Bonjour, j'aimerais beaucoup avoir ce livre de printemps de Brooklyn Tweed mais comment faire pour le trouver? Vous savez vous?
    Merci, très joli blog et très belles réalisations.

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    1. Je pense qu'il doit être en vente directement sur le site de Brooklyn Tweed.

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